« Un nom impérissable, Israël, le sionisme, et la destruction des juifs d’Europe » de Georges Bensoussan, Éditions du Seuil, Paris, 2008.
Historien d’une grande perspicacité, conférencier hors pair, Georges Bensoussan analysa la rencontre du sionisme avec « la Shoah », l’extermination des juifs d’Europe :
Le sionisme de la première partie du 20ème siècle était venu recréer « un juif nouveau », débarrassé des terreurs ancestrales, revenu dans le concert des nations.
C’est pourquoi dès 1942 au temps de l’holocauste et juste après la guerre, les 6 millions de martyrs furent perçus par les habitants d’Eretz-Yisraël comme l’antithèse des immigrants conquérants, comme des « individus s’étant laissés mener passivement à l’abattoir ». Seuls étaient valorisés les héros de l’insurrection du ghetto de Varsovie.
Par contre dès 1960, avec le procès Eichman, les martyrs et les rescapés recouvreront dans l’esprit et le coeur des israéliens une place de « sujets à place entière ».
Quelques décennies plus tard, les menaces continuant à peser sur Israël, une forme d’identification avec la « Shoah » s’est affirmée : l’anxiété induite par le massacre a gagné la société toute entière.