Présentation du livre de Daniel Mendelsohn, Les disparus (Flammarion, 2006) par Simon Wuhl
En dépit du fait que ce Cercle de lecture ait eu lieu un Mardi à 18 h, une assistance nombreuse a été très attentive à l’exposé de Simon Wuhl du livre « Les disparus » de Daniel Mendelson.
Simon a rapidement exposé le sujet du livre .Le jeune Daniel est étonné de l’attitude des vieilles personnes de sa famille qui sont très émues et qui se mettent à pleurer lorsqu’ils le voient. Il s’aperçoit qu’il ressemble étrangement au frère de son grand-père qui durant la guerre a disparu ainsi que sa femme et ses quatre filles. Des années plus tard et après la mort de son grand-père il essaye de savoir ce que sont devenue ces disparus lors de la Shoah par balle, et il se rend à Bolechow petit village de l’Est polonais. Son enquête auprès des survivants de cette période le conduit en Australie, en Israël, en Suède et au Danemark pour retrouver les marques d’existence de chacun(e) des disparus(e). C’est une enquête filiale, identitaire pour D. Mendelsohn.
Simon Wuhl a ensuite souligné l’originalité de l’approche de cette période de l’histoire. L’auteur s’est attaché avec émotion et intelligence sur la disparition d’une famille précise dans une localité donnée, mais cette présentation est constamment restituée dans l’ensemble du processus d’anéantissement des juifs lors de la période 1941-42.L’enquête se fait auprès des survivants juifs ou non juifs, qui ont connu un ou plusieurs membres de la famille disparue, mais cela permet comme nous l’a exposé Simon Wulh autant d’histoires de vies singulières que de personnes interrogées. Ces enquêtes permettent à l’auteur qui se rend deux fois sur les lieux de connaître certains épisodes de la vie des disparus, de leur donner chair et vie, et de reconstituer les circonstances de la mort de certains d’entre eux.
Simon Wuhl n’a pas manqué de souligner la richesse de cet ouvrage qui va bien au delà de l’histoire de la Shoah, en s’attachant à une famille particulière,et en abordant des sujets tels que les rapports entre frères ,la violence entre groupes sociaux vivant en proximité,les uns attachés à leur terre ,les autres plus mobiles. Cela permet à l’auteur de passer du particulier à l’universel grâce à des références bibliques accompagnées des interprétations de Rachi et de commentateurs modernes de ces textes, qui en soulignent la relativité.
Simon Wuhl a souligné la richesse de ce livre qui au travers l’histoire d’un secret de famille décrit entre autres une famille juive américaine contemporaine, les liens entre frères,le sentiment de culpabilité du grand père qui n’a rien pu faire pour sauver son frère et sa famille,
l’évocationdu judaïsme européen disparu et ses rapports complexes avec les Ukreniens et les Polonais.Tout cela est écrit dans un style très littéraire, mais Simon Wulh en sociologue souligne le travail de recherche tel que la préparation de ces voyages par une exploitation des données d’archives sur la Shoah, par un important travail généalogique, une préparation réfléchie des questionnaires ….
Simon Wuhl sous fait aussi remarquer que le narrateur n’est jamais seul,mais est accompagné soit par son frère Matt, soit par une tierce personne, ceci pour confronter les points de vue, et l’accompagner dans ce périple douloureux. Et que le livre est très enrichi par les photos prises par Matt qui donnent plus d’existence encore à ces Disparus.
Cet exposé se termine par de multiples et enrichissantes questions du public.