Conférence de Robert Solé autour de son dernier livre « Une soirée au Caire », éditions du Seuil Août 2010
C’est toujours un grand plaisir de recevoir le romancier Robert Solé, originaire, comme nous, d’Égypte et qui devenu au fil des années un ami de notre association.
Dans son très beau roman, Une soirée au Caire, il nous fait retrouver Charles, descendant de la famille Batrakani, que nous avions quitté enfant dans un roman précédent Le Tarbouche. Celui-ci habite en Occident et retourne quelques jours au Caire pour une raison qui ne sera dévoilée qu’au dernier chapitre du livre.
L’ouvrage est le dernier d’une Saga, celle d’une famille syro-libanaise, catholique, prise entre deux temps, celui d’une installation en Egypte au milieu du 19ème siècle (Le Tarbouche) et celui après le départ de presque toute la famille au milieu du 20ème siècle. Il ne reste plus en Egypte qu’une parente, Dina, habitant la maison des Batrakani. Les deux ouvrages écrits à 18 années d’intervalle nous font parcourir l’Egypte du 19ème siècle à nos jours.
Robert Solé nous présente divers personnages que rencontre le narrateur dans l’Egypte d’aujourd’hui et particulièrement lors de la fameuse réception organisée par Dina : entre autres Loutfi Salama survivant de la vieille société égyptienne ou Amina « l’universitaire, non voilée vêtue d’une simple tunique et d’un pantalon de lin » qui ne comprend pas que « deux de ses étudiantes aient voulu assister aux cours, voilées de la tête aux pieds ». Le mélange des communautés qui existait lors du départ du narrateur n’est plus et les gens qui faisaient le lien avec l’occident ont disparu.
Le passé est le passé ; c’est ce que semble admettre le narrateur et l’auteur Robert Solé.
Cette vision qui transparaît donc amène un des auditeurs de la salle à trouver le discours de Solé « apaisé ». Et ce mot même suscite un malaise chez d’autres personnes présentes dans le public, qui ne se sentent encore nullement « apaisées ». Ceci amena beaucoup de questions sur l’évolution de la société égyptienne, sur sa mutation démographique, la place des femmes qui évolue malgré le port du voile et l’espèce d’oubli que manifestent les égyptiens par rapport au multiculturalisme d’antan ou à ces populations d’origine étrangère qui n’existent plus dans le pays.
En somme, cette rencontre chaleureuse suscita beaucoup d’animation et beaucoup d’intérêt.
Un grand merci Robert Solé et à bientôt. Joe Chalom.
Voir aussi l’article paru dans l’édition du journal « Le Monde » du 27 août 2010 :
Robert Solé, né en Égypte, est arrivé en France à l’âge de 18 ans. Il a publié plusieurs essais sur son pays d’origine, ainsi que quatre romans aux Editions du Seuil : Le Tarbouche, Le Sémaphore d’Alexandrie, La Mamlouka et Mazag.