« Géopolitique du sionisme : Stratégies d’Israël », (aux Éditions Armand Colin, 2009) Conférence de Frédéric Encel.
Un très important public était venu écouter la conférence de Frédéric Encel, géopolitologue très connu et estimé. Ce public ne fut pas déçu par la qualité de l’exposé, même si dans le fond les avis des uns et des autres étaient partagés, comme on peut le comprendre sur des sujets aussi brûlants.
Pour Frédéric Encel, le « sionisme politique » apparait comme une révolution mentale dans le judaïsme de la fin du 19ème siècle. Il s’agit d’une volonté « de retour à la normalité » du peuple juif avec comme finalité la restauration d’une souveraineté sur sa terre ancestrale.
D’emblée, le conférencier insiste sur le fait que le sionisme ne fut nullement militariste, et que ce n’est qu’en 1920 que se développa, par nécessité, l’idée « d’autodéfense » avec la création de la Hagana. Même après 1948, année de la création de l’état d’Israël, l’armée a été essentiellement une « force de dissuasion », dissuasion essentielle puisqu’elle permit de repousser l’attaque de l’ensemble des armées arabes sur le territoire du nouvel état, et qu’elle a conduit à des résultats très tangibles comme la conclusion de la paix avec l’Egypte en 1979 puis avec la Jordanie. Dans la très fructueuse séance de questions-réponses qui suivit, le conférencier présenta ses idées personnelles sur un grand nombre de sujets actuels
Concernant le tracé futur des frontières entre Israël et un Etat palestinien, M. Encel se dit ne pas être adepte du « Grand Israël biblique » mais « du plus grand Israël possible ». Dans le prolongement de cette idée il pense qu’Israël sera amené à évacuer un grand nombre de petites implantations en Judée-Samarie (Cisjordanie) tout en conservant les très grosses implantations.
Il ne pense pas que l’évacuation de toutes ces petites implantations puisse conduire à une quelconque guerre civile ; de même que l’évacuation des colonies de Gaza a été réalisable sans trop de mal.
Il soutient qu’il y a un grand consensus national pour ne pas restituer le Golan à la Syrie.
En ce qui concerne le futur statut de Jérusalem, il parle d’un « partage symbolique sans partage au sol » ; c’est-à-dire le maintien de Jérusalem sous la souveraineté israélienne, assortie d’aménagements positifs aux habitants arabes de la ville, comme une citoyenneté palestinienne mais des droits civiques israéliens.
Pour conclure, le conférencier affirme que l’époque actuelle pourrait être favorable à des accords assez rapides de paix, du fait d’une très bonne santé économique d’Israël et… des territoires palestiniens occupés, gérés par M. Salam Fayad, premier ministre très efficace. Et ceci malgré la forte et gênante opposition de partis de droite et religieux dans la coalition actuelle.
Ce survol politique par un conférencier compétent a été fort intéressant. Un grand merci à notre conférencier qui a amené tous ces sujets de réflexion et discussion.