Naissance de l’association
La communauté juive d’Égypte, implantée depuis des temps immémoriaux dans le pays de Misraïm, bien longtemps avant l’invasion arabe, a été constamment présente au cours des siècles mais avec une importance plus ou moins grande. Au cours du 19ème siècle sa population a grossi considérablement. Aux juifs autochtones sont venus s’ajouter des juifs de nombreux pays méditerranéens, ainsi que des juifs d’Europe de l’Est fuyant les pogromes.
Cette communauté de par sa longue histoire est profondément attachée à l’Égypte, pays intimement lié à sa mémoire.
Mais au 20ème siècle, elle a subi plusieurs chocs :
Un premier coup va être porté par la prise de position du roi Farouk, qui, lors de la création de l’État d’Israël en 1948 se lance dans la guerre, entraînant arrestations et expulsions arbitraires.
Mais le pire était à venir. Avec la Révolution nassérienne de 1954-70, les décrets de nationalisation des entreprises, les séquestrations, la limitation des emplois possibles pour les juifs n’ayant pas la nationalité égyptienne et n’ayant pas la possibilité de l’obtenir, les internements abusifs, toutes les conditions se trouvent réunies pour pousser les juifs au départ. Après les événements de Suez en 1956, les arrestations massives et toujours aussi arbitraires, ainsi que les expulsions, ont contraint plus de deux tiers des juifs d’Égypte à quitter le pays en quelques mois.
Aujourd’hui dispersés sur les cinq continents et malgré l’apparente pluralité de leurs origines culturelles, linguistiques ou sociales, les juifs d’Égypte ont créé des associations dans la plupart des pays où ils sont présents.
L’A.S.P.C.J.E. (Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel des Juifs d’Égypte) a été l’une des premières à être créée. Depuis longtemps déjà, Jacques Hassoun avec un cercle d’amis juifs d’Égypte, avaient ressenti le besoin de renouer leur lien avec leur lieu de naissance, de préserver la mémoire d’une histoire longue de plusieurs millénaires qui s’était brusquement interrompue avec l’exil, perdant du même coup la référence au passé, créant ainsi chez les exilés un certain traumatisme.
Une première occasion de s’affirmer est venue en mai 1978 après l’assassinat d’Henri Curiel. Il était important de faire une référence à ses origines. C’est ainsi que nous avons déposé une couronne de fleurs accompagnée de l’inscription « des amis juifs d’Égypte ».
Il fallait faire quelque chose de plus ! C’est alors que nous avons organisé avec un cercle élargi d’amis la préparation d’une journée du judaïsme égyptien. Cette journée s’est tenue au Centre Rachi à Paris en décembre 1978 et avait réuni pour la circonstance plus de 400 juifs originaires d’Égypte. Pour la circonstance un fascicule a été édité, intitulé « À la rencontre des juifs d’Égypte », comprenant les textes présentés à cette occasion, accompagnés de photos d’une partie de notre patrimoine laissée en Égypte.
Ce fascicule, que vous pouvez consulter et télécharger en PDF ci-dessous, possède un intérêt historique car il montre les tentatives de notre association de rouvrir les pages de notre passé et de se réapproprier notre histoire : l’histoire des juifs d’Égypte.
Un an après, en décembre 1979, l’association fut créée.
Emile GABBAY