Nous avons publié dans notre bulletin N° 45 un compte rendu de la brillante conférence donnée le 24 novembre 2010 (soit bien avant les récents bouleversements du monde arabe) par M. Antoine SFEIR sur la situation au Proche- Orient. On en trouvera ci-après un résumé.
Le communautarisme :
Depuis la fin de Seconde Guerre mondiale, on assiste à une résurgence d’un communautarisme ethnique et religieux. Les États-Nations qui formaient naguère des entités stables, sont maintenant tiraillés entre sunnites, chiites, maronites, coptes, druzes, alaouites etc.
Ces clivages sont particulièrement exacerbés au Liban, en Irak, au Pakistan et en Afghanistan.
A noter qu’à l’intérieur même de chaque groupe, on assiste à des luttes internes.
Situation dans certains pays de la région :
Iran : A l’instar des autres pays du théâtre, l’Iran est aussi tiraillé entre des fractions rivales, donnant lieu à des luttes intestines pour le pouvoir. Ce pays cherche par tous les moyens à accroître son influence sur tout le Proche- Orient et son agressivité vis-à-vis d’Israël n’est que de pure forme. Elle a pour objet de se présenter en défenseur de la cause arabe.
Israël-Palestine : La création d’un état palestinien est admise par l’ensemble de la communauté internationale, et ….. même par les dirigeants israéliens ! Les précédents accords prévoyaient la restitution par Israël de près de 95 pour cent du territoire conquis en 1967. Le regroupement des colons dans quelques grandes colonies, avec comme corollaire le démantèlement de celles éparpillées sur le territoire de la Cisjordanie, n’est pas irréaliste.
Pour Jérusalem, les quartiers juif et arménien seraient placés sous souveraineté israélienne, tandis que les quartiers arabe et chrétien seraient administrés par le futur état palestinien.
Égypte : Le Président Moubarak ambitionne de voir son fils Gamal lui succéder. Mais celui-ci semble bien jeune pour assumer cette fonction. Aussi, il n’est pas exclu que le général Souleyman (bien plus âgé), accède au poste de Président, pour une durée limitée à un seul mandat.
Ceci aurait l’avantage de constituer une période transitoire propice au murissement de la situation.
Des officiers supérieurs de l’armée avaient confié à M. SFEIR qu’ils se portaient garants pour conserver à l’Égypte son statut d’élément stable et modérateur au Proche- Orient.
Relations entre :
Talibans et Al-Qaïda : Ces deux organisations poursuivent des objectifs distincts. Les Talibans aspirent à la mainmise sur l’Afghanistan. Ils n’ont jamais commis d’attentats en dehors de leur pays, ce qui n’est pas le cas d’Al-Qaïda qui cherche à étendre son influence sur tout le monde musulman.
Hamas et Fatah : Si des élections devaient avoir lieu, elles seraient sans aucun doute remportées par le Fatah, ceci en raison de l’amélioration du niveau de vie en cis-Jordanie, ce qui n’est guère le cas dans la bande de Gaza sous tutelle du Hamas.
Turquie et Iran : Ces deux puissances régionales cherchent à étendre leur influence dans la zone.
Leur attitude anti israélienne ne semble avoir pour but que de se faire valoir. Leur histoire est une succession de confrontations avec les Arabes. En outre, aucun de ces deux pays ne parle la langue du prophète, et de plus, leur population est à majorité chiite, ce qui risque encore d’exacerber les tensions.
Chiites et Sunnites : Ces deux branches de l’Islam sont en conflit depuis l’origine de cette religion !
A l’issue de la conférence de M. SFEIR, nombre d’auditeurs se sont portés acquéreurs de l’excellent ouvrage de l’auteur : « Vers l’Orient compliqué ».
Michel Mazza 19.02.2011
Antoine SFEIR est écrivain et journaliste, directeur des Cahiers de l’Orient, préside le Centre d’études et de réflexions sur le Proche-Orient depuis 1990. Parallèlement à son travail de journaliste, Antoine Sfeir, grand spécialiste des questions moyen-orientales a écrit plusieurs ouvrages sur les religions, sur l’islam et l’islamisme (Les Réseaux d’Allah) et sur le Moyen-Orient (Vers l’Orient Compliqué).